L’approche de la responsabilité élargie des producteurs (REP) permet de mettre en place les conditions nécessaires pour repenser le système de collecte sélective québécois dans une logique circulaire, ce qui favorisera la valorisation des contenants, emballages et imprimés. L’entière responsabilité du système étant confiée aux producteurs, ceux-ci auront les pouvoirs d’intervention nécessaires pour optimiser la gestion des opérations sur l’ensemble de la chaîne de valeur, assurer un meilleur contrôle des coûts et veiller, notamment, à ce que les matières sortant des centres de tri répondent aux besoins des marchés locaux et limitrophes. Cette réglementation servira aussi de levier pour inciter les producteurs à favoriser l’écoconception de leurs produits, notamment en s’assurant de leur compatibilité avec le système modernisé, de leur recyclabilité ou de leur valorisation.
Le Règlement portant sur un système de collecte sélective de certaines matières résiduelles confie la responsabilité d’élaborer, de mettre en œuvre et de soutenir financièrement un système modernisé de collecte sélective aux producteurs qui commercialisent, mettent en marché ou distribuent au Québec des contenants, des emballages ou des imprimés. La gestion du système est confiée à un organisme désigné par RECYC-QUÉBEC pour les représenter.
Déploiement du système modernisé de collecte sélective (PDF, 154 ko)
Sont visés, les contenants, les emballages et les imprimés (y compris les journaux), les imprimés dont l’utilité est de moins de cinq ans (ex. : guides de voyage, de vin, d’auto, volumes scolaires, etc.), les produits à usage unique servant à la préparation ou à la consommation d’un produit alimentaire (ex. : pailles et ustensiles) ainsi que les contenants et les emballages servant à supporter ou à présenter un ou des produits (ex. : crochets, cintres).
La responsabilité d’élaborer, de mettre en œuvre et de financer un système modernisé de collecte sélective incombe aux producteurs. Ceux-ci ont choisi Éco Entreprises Québec pour les représenter et assumer cette responsabilité. Cet organisme a été désigné par
RECYC-QUÉBEC le 24 octobre 2022, à la suite du dépôt de leur demande de désignation, pour une durée de cinq ans.
Le système modernisé de collecte sélective entrera graduellement en vigueur d’ici le 31 décembre 2024. Durant cette période transitoire, le régime de compensation continuera à s’appliquer, mais il est appelé à disparaître au fur et à mesure que les contrats municipaux de collecte sélective arriveront à échéance. L’abrogation de ce régime est prévue le 31 décembre 2024. Malgré cette abrogation, les compensations qui seront dues aux municipalités en 2025, pour les coûts nets admissibles engagés en 2024, seront compensés par les producteurs visés par le régime de compensation.
Le
règlement encadrant la modernisation du système de collecte sélective prévoit les délais, les conditions et les modalités applicables aux contrats municipaux de collecte, de transport, de tri ou de conditionnement qui devront prendre fin au plus tard le 31 décembre 2024 et à ceux qui pourront prendre fin à une date postérieure au 31 décembre 2024 selon certaines conditions (articles 18 et 19 de la
Loi modifiant principalement la Loi sur la qualité de l’environnement en matière de consigne et de collecte sélective)
.
Les municipalités dont les contrats arriveront à échéance au plus tard le 31 décembre 2024 pourraient être dans l’obligation d’octroyer des contrats aux termes plus courts et aux coûts potentiellement plus élevés. Afin d’amoindrir l’impact de la transition, le
Règlement sur la compensation pour les services municipaux fournis en vue d’assurer la récupération et la valorisation de matières résiduelles a été modifié pour prévoir la compensation des surcoûts pour les contrats de collecte sélective prenant effet après le 31 décembre 2022, soit des contrats de 24 mois et moins.
Pour les contrats de collecte sélective octroyés avant le 24 septembre 2020 et qui pourront se poursuivre au-delà du 31 décembre 2024, les articles 20 à 22 du règlement prévoient l’obligation pour l’OGD de conclure avec l’organisme municipal concerné un contrat prévoyant notamment la compensation à verser à l’organisme au-delà du 31 décembre 2024 ou un contrat visant à résilier le contrat. Dans ce dernier cas, les frais, pénalités ou autres dommages liés à la résiliation seront à la charge de l’OGD et celui-ci devra proposer à l’organisme municipal concerné, ou à tout autre organisme municipal, un contrat de collecte et de transport des matières provenant minimalement des bâtiments résidentiels de moins de neuf logements.
L’organisme de gestion désigné (OGD) devra atteindre des taux de récupération, de valorisation et de valorisation locale, par type de matières, et qui évolueront. Les niveaux de performance atteints devront faire l’objet d’une reddition de comptes annuelle auditée au gouvernement.
Dans le cas où l’OGD n’atteindrait pas les taux prescrits, il aura l’obligation de soumettre un plan de redressement au ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques et à RECYC-QUÉBEC. Il devra également investir un montant, prévu par le règlement, pour la mise en œuvre des mesures prescrites par ce plan, en vue d’atteindre les taux prévus dans un délai de deux ans.
La traçabilité des matières devra être assurée jusqu’à leur destination finale pour que celles-ci soient prises en compte dans le calcul des taux de performance atteints, ce qui favorisera les débouchés locaux et limitrophes. Les lieux suivants ne sont pas considérés comme des lieux de valorisation aux fins du calcul des taux de valorisation et de valorisation locale :
Aux fins du calcul du taux de valorisation locale, un maximum de 30 % du total, en poids, des matières ayant été acheminées à un lieu de valorisation locale, peut être valorisé localement mais ailleurs qu’au Québec. On entend par locale une valorisation qui a lieu au Québec, en Ontario, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, à l’Île-du-Prince-Édouard, à Terre-Neuve-et-Labrador et dans les États du Connecticut, du Maine, du Massachusetts, du New Hampshire, de Rhode Island, du Vermont, du New Jersey, de New York et de la Pennsylvanie.
Taux prescrits – Collecte sélective
Catégories | Récupération (à compter de 2027) |
Valorisation1 (de 2027 à 2029) |
Valorisation2 (à compter de 2030) |
Valorisation locale3 (à compter de 2030) |
Carton | 85 % + 5 % après 5 ans À terme 90 % |
75 % | 75 % + 5 % aux 5 ans À terme 85 % |
90 % |
Imprimés, contenants et emballages en fibres autres que du carton | 80 % + 5 % après 5 ans À terme 85 % |
70 % | 70 % + 5 % aux 5 ans À terme 85 % |
90 % |
Plastiques rigides de type PEHD | 80 % + 5 % aux 5 ans À terme 90 % |
65 % | 65 % + 10 % aux 5 ans À terme 85 % |
90 % |
Plastiques rigides de type PET | 80 % + 5 % aux 5 ans À terme 90 % |
70 % | 70 % + 5 % aux 5 ans À terme 85 % |
80 % |
Autres plastiques rigides | 75 % + 5 % aux 5 ans À terme 85 % |
65 % | 65 % + 10 % aux 5 ans À terme 75 % |
75 % |
Plastiques souples | 50 % + 5 % aux 5 ans À terme 85 % |
40 % | 40 % + 10 % aux 5 ans À terme 80 % |
50 % |
Verre | 70 % + 5 % après 5 ans À terme 75 % |
65 % | 65 % + 10 % aux 5 ans À terme 85 % |
70 % |
Métaux autres que l’aluminium | 75 % + 5 % aux 5 ans À terme 90 % |
70 % | 70 % + 10 % aux 5 ans À terme 80 % |
50 % |
Aluminium | 55 % + 5 % aux 5 ans À terme 80 % |
45 % | 45 % + 10 % aux 5 ans À terme 85 % |
50 % |
1 Calculé sur les quantités acheminées à un conditionneur.
2 Calculé sur les quantités acheminées à un lieu de valorisation accepté.
3 Un maximum de 30 % du total, en poids, des matières ayant été acheminées à un lieu de valorisation locale, peut être valorisé localement mais ailleurs qu’au Québec, aux fins de l’établissement de l’atteinte de l’ensemble des taux de valorisation locale.
Le règlement prévoit que, pour la prise en charge des matières (tri, conditionnement, valorisation), l’organisme de gestion désigné (OGD) devra favoriser les fournisseurs de services en activité au moment d’octroyer les contrats, ce qui permettra de bâtir le système modernisé de collecte sélective sur les acquis. Les acteurs actuels de la chaîne de valeur pourront donc participer au système, dans la mesure où ils seront aptes à satisfaire aux exigences de l’OGD qui lui permettront d'atteindre les taux de performance prescrits. Le règlement prévoit également que, dans son choix de fournisseur de services, l’OGD doit notamment tenir compte de l’accessibilité du système aux différents modèles d’affaires. Il devra également s’assurer de la présence d’un fournisseur de services sur le territoire où le service doit être fourni.
Les produits visés générés sur l’ensemble du territoire québécois devront être pris en charge par l’OGD, y compris dans les territoires isolés ou éloignés. L’organisme devra donc conclure des contrats de collecte et de transport prenant notamment en compte les particularités territoriales et régionales de ces milieux. Le contenu minimal de ces contrats est prévu à l’article 25 du
règlement. Pour les territoires isolés et éloignés identifiés, les conditions d’entreposage, de tri ou de conditionnement des matières en vue de leur transport font également partie des éléments devant être abordés dans ces contrats de collecte et de transport. Dans les cas où une communauté autochtone fait partie des signataires d’un contrat de collecte et de transport conclu avec l’OGD, la formation de la main-d'œuvre locale et la manière dont les particularités culturelles et linguistiques pour le service de collecte sélective devront également être prises en compte. Les modalités relatives au service à la clientèle desservie ainsi que les mesures d’information, de sensibilisation et d’éducation à mettre en œuvre devront également être abordées.
La modernisation des deux systèmes est complémentaire. Ensemble, ils ont la capacité de prendre en charge l’ensemble des contenants, des emballages et des imprimés (y compris les journaux) mis en marché au Québec et de les diriger vers des filières performantes de récupération et de valorisation. Tout changement dans les matières visées par un système a donc des conséquences directes sur l’autre. Ces systèmes prennent en charge près d’un million de tonnes de matières chaque année. Ils doivent être considérés de façon globale et intégrée pour améliorer leur performance de façon significative et durable, et pour conserver l’adhésion des acteurs de chacun d’entre eux. Les règlements encadrant respectivement la modernisation de la consigne et de la collecte sélective prévoient d’ailleurs l’obligation, pour les deux organismes de gestion désignés, de conclure une entente d’arrimage des systèmes en vue de convenir des modalités opérationnelles et financières de la gestion des produits visés par un système mais qui se retrouvent dans l’autre.
Une webdiffusion et des présentations PowerPoint vulgarisent le règlement :
Au besoin, d’autres séances d’information ciblées pourraient être offertes.
Quatre groupes de travail regroupant des représentants de l’ensemble des acteurs ont été mis en place en vue d’alimenter les travaux législatifs et réglementaires entourant la modernisation de la collecte sélective :
Différents livrables ont été produits par ces groupes de travail :