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Le chauffage au bois
Pour la plupart d’entre nous, un feu de foyer signifie une soirée tranquille
à se prélasser et à contempler les mille et une lueurs de la flamme
dansante, en écoutant avec ravissement le crépitement des bûches dans la
cheminée...
Mais à quel prix?
Qu’elles proviennent d’un poêle à bois, d’un foyer ou d’un
feu de camp, les fumées dégagées ne sont pas aussi inoffensives qu’on
voudrait bien le croire. Le chauffage au bois représente une source
importante de contaminants dans l’atmosphère : monoxyde de carbone (CO),
composés organiques volatils (COV), particules fines (PM2,5),
oxydes d’azote (NOx) et hydrocarbures aromatiques polycycliques
(HAP). La fumée dégagée par la combustion du bois est présente à l’extérieur
comme à l’intérieur des maisons.
Dans les quartiers où le chauffage au bois est répandu, l'exposition aux contaminants provenant de la fumée des cheminées peut avoir des effets néfastes sur la santé des résidents.
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La situation au Québec
Au
Québec, le chauffage au bois résidentiel est la principale source de
particules fines provenant des activités humaines. Sur le plan local, la
contribution de ce type de combustion à la pollution peut être beaucoup plus
importante. À titre d’exemple, une
campagne d’échantillonnage sur le chauffage au bois réalisée sur l’île de
Montréal par la Communauté urbaine de Montréal (CUM) a montré qu’en
hiver, dans un quartier résidentiel, les concentrations de COV, de
particules fines et d’HAP étaient souvent supérieures aux concentrations
mesurées dans le centre-ville de Montréal.
Des données de
Ressources naturelles Canada montrent que le nombre de logements dans
lesquels on a recours au chauffage au bois a pratiquement doublé de 1990 à
2010. L’utilisation des appareils de chauffage au bois comme chauffage
d’appoint est populaire, surtout depuis la
crise du verglas de 1998. Entré en vigueur en 2009, le
Règlement sur les appareils de
chauffage au bois vise à interdire, au Québec, la fabrication, la vente
et la distribution d’appareils de chauffage au bois non conformes aux normes
environnementales de l’Association canadienne de normalisation ou de la
United States Environmental Protection Agency. Certaines municipalités ont également adopté des réglementations concernant le chauffage au bois sur leur territoire. Informez-vous auprès de votre municipalité pour en savoir plus ou avant d’installer un appareil de chauffage au bois.

Effets de la fumée sur la santé
Effets potentiels sur la santé de certains contaminants
issus de la fumée de bois lorsque leur concentration est trop élevée dans
l’air
Contaminants |
Effets |
Monoxyde de carbone |
CO |
Maux de tête,
nausées, étourdissements et aggravation de
l’angine chez les personnes ayant des
problèmes cardiaques |
Composés organiques volatils |
COV |
Irritation
des voies respiratoires et maux
respiratoires; certains COV sont
cancérigènes (ex. : benzène) |
Acroléine et formaldéhyde |
― |
Irritation
des yeux et des voies respiratoires |
Particules fines |
PM2,5 |
Irritation des voies pulmonaires,
aggravation des maladies cardiorespiratoires
et mortalité plus hâtive |
Oxydes d'azote |
NOx |
Irritation du
système respiratoire, douleur lors de
l'inspiration, toux, œdème pulmonaire |
Hydrocarbures aromatiques polycycliques |
HAP |
Certains HAP
sont considérés comme mutagènes ou
cancérigènes ou sont soupçonnés de l’être |
Dioxines et furannes |
― |
Cancérigènes
probables |
Source :
Santé Canada
Ces effets peuvent être plus ou moins accentués selon la sensibilité des
personnes. Ainsi, les enfants, les personnes âgées et celles qui souffrent
d’asthme, d’emphysème ou de problèmes cardiaques sont les plus sensibles à
la pollution atmosphérique. En hiver, ces effets peuvent être exacerbés
lorsque les conditions de dispersion des polluants dans l’atmosphère sont
mauvaises, ce qui survient plus fréquemment pendant cette saison. Ces
mauvaises conditions de dispersion séquestrent les PM2,5 et les
autres contaminants au niveau du sol, exposant davantage les personnes
vulnérables ainsi que la population en général.

La pollution particulaire : ses conséquences visibles
Parmi les particules émises par le chauffage au bois, celles dont le
diamètre aérodynamique est inférieur ou égal à 2,5 micromètres (PM2,5) sont
les plus préoccupantes pour la santé. Ces particules en suspension sont si
petites que, lorsqu’elles sont inhalées, elles se déposent à la surface des
alvéoles pulmonaires et nuisent aux échanges gazeux, affectant ainsi le
système respiratoire et cardiovasculaire (ex. : aggravation des symptômes
d’asthme par l’irritation et l’inflammation des bronches). Le smog hivernal,
auquel contribue le chauffage résidentiel au bois, est principalement
constitué de particules fines.
Les particules fines, comme plusieurs autres polluants atmosphériques, sont
mesurées aux stations de
mesure du Réseau de surveillance de la qualité de l’air du Québec. Certaines de ces stations de mesure sont
avantageusement positionnées dans des secteurs résidentiels où l’on retrouve
une grande proportion de ménages employant le chauffage au bois, ce qui
permet d’y mesurer les effets sur la qualité de l’air. En hiver, la
concentration de pollution particulaire observée à ces stations fluctue en
fonction de l’heure de la journée. Deux maximums
sont observables. Le premier, de plus faible intensité, survient le matin
lorsque certains ménages ajoutent du bois dans leur foyer avant de se rendre
au travail. Le deuxième survient le soir quand plusieurs ménages profitent
de leur présence à la maison pour redémarrer leur poêle et y entretenir les
flammes. Ce maximum de fin de soirée dure plus longtemps, car au cours de la
soirée, l’intensité des vents a tendance à diminuer, ce qui nuit à la
dispersion des polluants dans l’atmosphère et concentre les polluants au
niveau du sol.

En plus des ménages qui se chauffent au bois, certains ménages profitent de
leur foyer pour créer une ambiance agréable. L’effet sur la qualité de l’air
est particulièrement notable au cours des soirées de fin de semaine en
hiver. Pendant ces soirées, la concentration particulaire dans l’air
augmente rapidement et peut facilement doubler en quelques heures.

Inversion thermique
Les
inversions thermiques sont des phénomènes météorologiques qui nuisent à
la dispersion des contaminants dans l’atmosphère. Dans une situation
normale, sans inversion thermique, l’air plus chaud et moins dense au niveau
du sol s’élève dans l’atmosphère plus froide, entraînant les contaminants en
altitude. C’est ce que l’on nomme « dispersion verticale ». Or, dans
certaines conditions, c’est l’inverse qui se produit. Une couche d’air plus
chaud arrive à se faufiler au-dessus d’une masse d’air plus froid et y
reste. Cette couche d’air chaud séquestre l’air froid au sol. L’air froid
étant plus dense, plus « lourd », il ne monte pas en altitude et empêche la
dispersion verticale. Les contaminants sont donc emprisonnés au sol dans
cette masse d’air froid.
Dans le cas particulier des vallées, ce phénomène naturel est amplifié
par la topographie qui empêche également la dispersion horizontale des
contaminants.
L'air intérieur
En plus d’émettre des contaminants dans l’air extérieur, les appareils de
combustion du bois peuvent modifier la qualité de l’air des habitations
lorsqu’une partie des gaz de combustion et des particules fines revient à
l’intérieur. Ces fuites à l’intérieur de la maison seront plus ou moins
importantes selon le type d’appareil utilisé, la qualité de son installation
et les façons de le faire fonctionner. Une
étude de la Direction de santé publique de Montréal-Centre a montré que
les personnes qui utilisent un poêle à bois présentent dans leur urine des
concentrations plus élevées de contaminants que celles qui n’ont pas de
poêle à bois. Le chauffage au bois constitue donc une source d’exposition
supplémentaire à des substances toxiques à l’intérieur des maisons.

Que faire?
Quelques gestes simples à poser pour limiter votre exposition aux
contaminants :
Comment |
Pourquoi |
Évitez le chauffage au bois comme mode de
chauffage principal. |
Les autres modes de chauffage1 tels que
l’électricité et le gaz sont moins
polluants. |
Limitez l’utilisation des foyers et des
poêles à bois, tout particulièrement les
journées où il y a du
smog. |
Pour diminuer la quantité de contaminants
émis dans l’air intérieur et extérieur. |
S’ils ne sont pas interdits, limitez tout de
même les feux à l’extérieur (feu
de camp, brûlage des feuilles, etc.). |
Lorsque vous chauffez au bois :
|
Ne brûlez pas de déchets domestiques tels
que les plastiques, le bois traité ou le
bois peinturé. |
Pour diminuer l’émission de contaminants
très nocifs comme les dioxines et les
furannes. |
Selon la disponibilité des ressources,
utilisez un bois dur qui a séché au moins
six mois, comme le chêne, l’érable ou le
bouleau, plutôt qu’un bois mou comme le
sapin, le pin ou l’épinette. |
Pour réduire la quantité de contaminants
émis dans l’air et limiter la production de
créosote qui encrasse les parois et cause
souvent des feux de cheminée. |
Si vous songez à acheter un poêle ou
un foyer : |
Assurez-vous que
l’appareil correspond à vos besoins réels et
évitez d’acheter un appareil d’une trop
grande capacité de chauffage. |
Pour économiser l’énergie et pour éviter
l’émission inutile de contaminants dans
l’air intérieur et extérieur. |
Privilégiez un
poêle ou un foyer électrique. Certains
modèles peuvent être installés à même les
appareils existants. |
L’électricité n’émet pas de contaminants.
De plus, dans la mesure où il n’y a pas de
cheminée, 100 % de la chaleur émise par ces
appareils reste à l’intérieur. |
1. Le
Règlement sur les appareils de chauffage au mazout limite l’installation de ce type d’appareil.

Si vous optez pour un poêle à bois
Achetez un appareil certifié qui respecte le
Règlement sur les appareils de chauffage au bois et dont la fiche
technique indique le plus faible taux d’émission de particules.
Les foyers et les poêles neufs certifiés
EPA - « Standards of performance for
New Residential Wood Heaters » ,40
CFR 60,subpart AAA ou CAN/CSA – B415.1
– « Essais et rendement des poêles à
combustibles solides, poêles encastrables et
foyers préfabriqués à combustion contrôlée »
émettent jusqu’à 90 % moins de pollution,
brûlent un tiers moins de bois, et ce, tout
en émettant 80 % moins de fumée.
Bien que les appareils certifiés constituent
une nette amélioration par rapport aux
anciens modèles, l’utilisation du bois
produit tout de même davantage d’émissions
atmosphériques sous forme de particules
fines que les autres combustibles utilisés
pour le chauffage, comme le mazout et le
gaz.
Les foyers et les poêles à granules
procurent une combustion plus propre grâce à
un acheminement des granules vers la chambre
de combustion à un débit contrôlé et à un
contrôle de la quantité d’air, le comburant.
Cette combustion contrôlée produit
généralement moins d’émissions polluantes
que les appareils de chauffage au bois
ordinaires.
Avant d’acheter ou d’installer un nouvel appareil à combustion,
renseignez-vous auprès de votre municipalité; certaines villes réglementent
l’installation ou l’utilisation d’appareils de chauffage au bois.
Installation
Respectez le code canadien d’installation des appareils à combustion; une
installation adéquate est plus sécuritaire et favorise le bon fonctionnement
de l’appareil.
Entretien
Entretenez, réparez ou, selon vos nouveaux besoins, remplacez votre appareil
de chauffage au bois. Après un certain temps, un appareil de chauffage au
bois et sa cheminée perdent de leur étanchéité et laissent échapper des gaz
et des particules. En plus de diminuer le rendement énergétique, cela peut
détériorer la qualité de l’air intérieur de votre demeure. Un nettoyage
régulier de la cheminée favorise une combustion optimale et minimise les
risques d’incendie.

Pour en savoir plus...
Plusieurs sites traitent du chauffage au bois :
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