Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
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Présence de pesticides dans l’eau au Québec

Bilan dans quatre cours d’eau de zones en culture de maïs et de soya en 2008, 2009 et 2010

Sommaire

Au Québec, parmi les différentes cultures où des pesticides sont employés, les cultures de maïs et de soya sont celles qui utilisent la plus grande quantité de pesticides commercialisés. Le suivi environnemental des pesticides effectué par le Ministère depuis le début des années 1990 a donc porté en priorité sur ces cultures. Ainsi, quatre stations de mesure en rivière sont échantillonnées depuis 1992 pour rendre compte de la présence et de l’évolution des concentrations de pesticides dans l’eau dans des zones agricoles où ces deux cultures sont importantes. Au cours des années, le suivi environnemental a progressivement été adapté pour tenir compte des nouveaux pesticides utilisés. Les stations sont situées dans les rivières Chibouet (bassin versant de la rivière Yamaska), des Hurons (bassin versant de la rivière Richelieu), Saint-Régis (bassin versant du Saint-Laurent) et Saint-Zéphirin (bassin versant de la rivière Nicolet). Ce rapport présente les résultats obtenus pour les années d’échantillonnage 2008, 2009 et 2010 et les compare aux données antérieures.

Un grand nombre de pesticides ont été détectés dans l’eau de ces quatre rivières, et ce sont les herbicides qui y ont le plus souvent été décelés. Les herbicides S-métolachlore, atrazine, glyphosate, imazéthapyr, bentazone et dicamba se trouvent dans plus de 50 % des échantillons prélevés du mois de mai au mois d’août. Le S-métolachlore a été détecté dans 99 % des échantillons, l’atrazine dans 97 %, le glyphosate dans 86 %, l’imazéthapyr dans 79 %, le bentazone dans 75 % et le dicamba dans 61 % des échantillons. Plus de 15 autres herbicides ont été décelés mais à une fréquence moindre. L’atrazine dépasse occasionnellement le critère de qualité de l’eau (critère de vie aquatique chronique – CVAC), dans 5 à 10 % des échantillons, et le S-métolachlore, dans moins de 1 % des échantillons.

L’analyse statistique montre une tendance à la baisse des concentrations médianes d’atrazine, de S-métolachlore et de dicamba, mais une tendance à la hausse des concentrations pour le glyphosate et l’imazéthapyr. La présence et les concentrations de glyphosate continuent donc d’augmenter, et ce phénomène est lié à l’accroissement des cultures génétiquement modifiées tolérantes au glyphosate. L’augmentation de l’imazéthapyr est quant à elle liée à l’expansion des superficies de soya.

Les insecticides et les fongicides sont généralement détectés dans moins de 10 % des échantillons. Quoique leur présence soit plus occasionnelle, certains insecticides, comme le chlorpyrifos, le carbaryl et le diazinon, dépassent les critères de qualité de l’eau dans 1 à 5 % des échantillons.

Malgré la baisse des concentrations médianes pour quelques produits, des pics de concentrations élevées sont encore observés dans l’eau des rivières à l’étude et l’on y trouve toujours des épisodes de dépassement des critères de qualité de l’eau, quoique la proportion des échantillons qui dépasse les critères soit toutefois moins importante que pendant la période de 2005 à 2007. Au cours des périodes estivales de 2008 à 2010, les critères ont été dépassés de 4 à 24 % du temps dans la rivière Chibouet, de 10 à 19 % du temps dans la rivière des Hurons, de 15 à 18 % dans la rivière Saint-Régis et de 5 à 20 % du temps dans la rivière Saint-Zéphirin, selon les années.

Au cours des dernières années, les communautés d’organismes benthiques qui vivent dans les rivières Chibouet et Saint-Zéphirin ont été examinées. Les résultats ont révélé un mauvais état de santé de ces communautés. Cela se traduit par une dominance des espèces tolérantes à la pollution, telles que les diptères Chironomidae et les trichoptères Hydropsychidae, alors que d’autres espèces plus sensibles à la pollution, telles que les plécoptères et les éphéméroptères, sont absentes ou en nombre limité. Le nombre total de taxons, qui reflète la diversité biologique du milieu, y est faible. La diversité biologique, qui caractérise les milieux sains, est absente de ces rivières. Avec d’autres facteurs de dégradation du milieu aquatique (mauvaise qualité de l’eau, bande riveraine dégradée ou absente, etc.), la présence de pesticides peut contribuer à cette situation.

La documentation scientifique récente nous informe aussi que certains herbicides d’usage courant peuvent produire des effets néfastes sur des espèces aquatiques même à de très faibles concentrations.

Compte tenu de ces divers constats, on ne peut donc pas parler de véritables gains environnementaux au regard de la contamination des cours d’eau par les pesticides. Ceci nous incite donc à maintenir les efforts en vue d’une réduction de l’utilisation et une réduction des risques liés aux usages des pesticides. Dans le contexte de sa Stratégie phytosanitaire québécoise en agriculture 2011-2021, le gouvernement prévoit d’ailleurs plusieurs actions en ce sens. Pour le Ministère, il est aussi prévu de poursuivre le suivi environnemental des rivières afin de vérifier l’amélioration de la qualité de l’eau.

Rapport (format PDF, 1,6 Mo)


Référence à citer : GIROUX, I., et L. PELLETIER, 2012. Présence de pesticides dans l’eau au Québec : bilan dans quatre cours d’eau de zones en culture de maïs et de soya en 2008, 2009 et 2010, Québec, ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Direction du suivi de l’état de l’environnement, ISBN 978-2-550-64159-9 (PDF), 46 p. et 3 annexes.

 


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