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Suivi environnemental des pesticides près des terrains de golf

Résumé

La pratique du golf a gagné en popularité au Québec comme ailleurs dans le monde au cours des dernières décennies. Le Québec compte environ 10 000 hectares consacrés à cette activité, une superficie partagée sur plus de 360 terrains de golf. Par souci de créer des surfaces gazonnées présentant des conditions idéales pour la pratique de ce sport, l’usage des pesticides, parmi les multiples pratiques culturales, est chose courante sur bon nombre de terrains de golf.

Un programme de suivi environnemental a été réalisé en 2009, 2010 et 2011 avec comme principal objectif de vérifier la présence de pesticides dans les cours d’eau et de documenter de façon préliminaire leur présence dans les eaux souterraines près de terrains de golf.

Au total, 11 cours d’eau de différentes tailles ont été échantillonnés, soit les rivières Yamaska et du Diable en aval de plusieurs terrains de golf ainsi que 9 cours d’eau plus petits s’écoulant directement sur le parcours d’un terrain de golf ou en bordure de celui-ci. Dix puits ont aussi été échantillonnés pour vérifier la présence de pesticides dans les eaux souterraines. Les terrains de golf retenus pour le programme de suivi présentaient des indices de pression d’utilisation entre 1,2 kg et 38 kg d’ingrédients actifs par hectare (i.a./ha).

Des pesticides employés sur les terrains de golf ont été détectés dans 9 des 11 cours d’eau échantillonnés. Les résultats suggèrent que l’indice de pression d’utilisation est un facteur d’importance qui peut influencer la fréquence à laquelle les pesticides sont détectés dans les cours d’eau. De façon générale, plus l’indice de pression d’utilisation est élevé, plus le nombre de pesticides et la fréquence à laquelle ils sont détectés dans le cours d’eau sont importants. Les petits cours d’eau près des golfs ayant un indice de pression de 5 kg i.a./ha ou moins montraient la présence d’un ou 2 pesticides, présents de 0 à 8 % du temps dans l’eau. Ceux près de golfs ayant des indices de pression supérieurs à 10 kg a.i./ha montraient généralement une plus grande contamination, soit 5 à 11 pesticides présents de 32 % à 100 % du temps.

Considérant l’ensemble des cours d’eau étudiés, les principaux produits détectés sont des fongicides, dont le boscalide, détecté dans 20,8 % des échantillons, le propiconazole (17 %), le myclobutanil (14,4 %) et le triticonazole (11,2 %). Les herbicides dicamba, 2,4‑D et mécoprop sont présents dans 5 à 6 % des échantillons. Les insecticides sont détectés plus rarement, soit dans 2 % des échantillons dans le cas du carbaryl et dans 0,3 % pour ce qui est du chlorpyrifos. Près des terrains de golf qui utilisent ces produits de façon plus intensive, les fongicides sont détectés dans l’eau durant toute la période de juin à novembre et, dans certains cas, en avril au moment de la fonte de neige. Quelques dépassements des critères de qualité de l’eau pour la protection des espèces aquatiques ont été observés occasionnellement dans 4 des 11 cours d’eau échantillonnés. Ces dépassements ont été observés de 3,4 à 8,5 % du temps selon le cours d’eau échantillonné.

Cette étude fait ressortir que l’intensité d’utilisation (fréquence et quantités) des pesticides apparaît comme l’un des facteurs importants de la présence de pesticides dans les cours d’eau voisins des terrains de golf. Toutefois, d’autres facteurs comme la mobilité et la plus grande persistance de certains pesticides ainsi que l’existence d’un lien hydraulique entre les étangs situés sur les terrains de golf et les cours d’eau naturels peuvent aussi jouer un rôle.

Les impacts réels des pesticides employés sur les terrains de golf sont encore mal connus, car peu d’études sont disponibles sur le sujet. Néanmoins, 2 études ontariennes ont permis d’identifier quelques pistes. L’une, en laboratoire, montre que les pesticides extraits d’échantillons de cours d’eau situés près de terrains de golf ont eu des effets en laboratoire sur une espèce de poisson, le médaka japonais. L’étude montre des pointes de toxicité à divers moments de la saison d’activités des golfs et les auteurs associent cette toxicité à la présence de certains fongicides. La seconde étude a porté sur 6 cours d’eau voisins de 5 terrains de golf. Cette étude montre que les diverses activités d’entretien des terrains de golf, incluant la fertilisation et l’usage de pesticides, entraînent des changements dans les communautés de macroinvertébrés benthiques et que ces communautés sont composées de taxons fort différents de ceux habituellement présents dans les cours d’eau témoins en milieu forestier.

Aucun pesticide n’a été détecté dans les 10 puits échantillonnés en 2011, dont 7 puits servant à l’alimentation en eau potable et 3 à l’entretien et à l’irrigation des terrains de golf. Ces résultats peuvent s’expliquer par différents facteurs, dont le type de sol et la faible fréquence d’échantillonnage.

Rapport (format PDF, 921 ko)


Référence :
Giroux, Isabelle, Cécile Laverdière et Marie-Claire Grenon, 2013. Suivi environnemental des pesticides près de terrains de golf, Québec, ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Direction du suivi de l’état de l’environnement, Direction du secteur agricole et des pesticides, Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec, ISBN 978-2-550-67802-1 (PDF), 27 p. et 4 ann.

 


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