Le coin de Rafale

Sais-tu en quoi consiste le travail d’un chimiste de la qualité de l’air?

MagmaLors d’une sortie en forêt, oncle Robert nous a de nouveau parlé de l’importance de la qualité de l’air pour notre santé. Comme tu le sais, je suis asthmatique; cette question me préoccupe donc beaucoup et j’aime me tenir informée sur ce sujet. Il m’a proposé de rencontrer Jany McKinnon, une chimiste de la qualité de l’air qui travaille à la Direction de l’information sur le milieu atmosphérique du ministère. Je t’invite à lire l’entrevue que j’ai réalisée avec elle.

MagmaQuel travail effectuez-vous en tant que chimiste de la qualité de l’air?

La surveillance de la qualité de l’air consiste à étudier les différents types de contaminants qui peuvent être présents dans l’air (par exemple, l’ozone, le dioxyde d’azote ou le dioxyde de soufre) afin de s’assurer que leur concentration respecte les normes prescrites par le Règlement sur l’assainissement de l’atmosphère (RAA).

Ce règlement découle de la Loi sur la qualité de l’environnement. Les normes qu’il prescrit ont été établies en tenant compte des nouvelles connaissances scientifiques sur les effets des contaminants, des développements technologiques dont ont bénéficié les procédés industriels, des engagements du gouvernement du Québec en matière d’émissions atmosphériques et des autres normes en vigueur ailleurs en Amérique du Nord. C’est l’un de mes outils de travail.

Parmi mes tâches, j’effectue l’analyse de données recueillies par les divers appareils installés dans les stations de la qualité de l’air et je compare les résultats avec les normes du RAA. Je peux aussi utiliser ces résultats pour écrire des rapports et rendre l’information disponible sur le Web.

MagmaQu’aimez-vous particulièrement dans votre travail?

Mon travail est tout sauf routinier et il m’offre de nombreux défis professionnels. En plus d’analyser des données et de produire des rapports ou des avis, je peux participer à des rencontres avec différents partenaires afin de discuter de diverses problématiques de qualité de l’air. Ainsi, j’échange avec des représentants de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), du gouvernement fédéral et des directions de santé publique, avec des professionnels et des membres des équipes techniques du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques et avec des employés de municipalités ou d’entreprises.

Travailler avec des spécialistes de différents domaines est super intéressant, parce qu’on est toujours en situation d’apprentissage dans d’autres domaines que celui de la chimie.

MagmaEn quoi consiste une journée typique à votre travail?

Je ne peux pas parler de journée type, car des situations imprévues qui peuvent avoir un impact sur la qualité de l’air surviennent constamment. Ce peut être un feu de forêt, une grande canicule ou un froid extrême, qui entraîneront des épisodes de smog (estival ou hivernal).

Je peux effectuer l’extraction et l’analyse de données, pour ensuite produire un avis ou un rapport afin de répondre à des demandes de citoyens, de municipalités ou d’entreprises. Je peux aussi être sollicitée pour exercer un rôle-conseil auprès de certains groupes de travail qui doivent prendre des décisions ou établir de nouvelles normes en matière de qualité de l’air. Je peux également être invitée à participer à des rencontres avec les équipes techniques qui travaillent sur le terrain ou qui valident des données.

Évidemment, je dois me tenir au courant des derniers travaux de recherche ou des nouvelles technologies de suivi de la qualité de l’air, au Québec ou ailleurs dans le monde. Je participe aussi à des formations ou à des colloques afin de maintenir mes connaissances et mes compétences à jour.

MagmaQuelles sont les études nécessaires pour devenir chimiste de la qualité de l’air?

Pour devenir chimiste, il faut obtenir au minimum un baccalauréat en chimie; c’est une formation universitaire qui dure trois ans. On y apprend les concepts, les méthodes et les principes sur lesquels s'appuie la chimie. Cela nous permet de mener à bien des tâches comme des analyses chimiques. Le travail en laboratoire, la sécurité au travail et l'éthique professionnelle font aussi partie de la formation. Outre le travail comme chimiste de la qualité de l’air, il existe une foule de domaines dans lesquels peut travailler un chimiste. Par exemple, les chimistes créent de nouveaux produits, inventent des procédés industriels ou conçoivent de nouvelles méthodes pour la fabrication de substances chimiques. Ils fabriquent des molécules sur mesure, comme des fibres synthétiques, des matériaux ou des médicaments. On fait même appel à eux pour établir l'authenticité des objets d'art, l'âge des artefacts archéologiques, la cause des incendies, voire l'identité des criminels! Il est également possible de devenir enseignant au secondaire ou au cégep, à condition d’obtenir un diplôme universitaire en enseignement.

MagmaOutre les études, quelles sont les aptitudes requises pour être chimiste de la qualité de l’air?

Dès l’âge de sept ans, je cuisinais avec ma mère. J’aimais m’amuser à concocter des recettes incroyables en vidant son armoire à épices! C’est à cette époque qu’elle a choisi de remplacer le safran exotique, une épice très chère, par du safran de moindre qualité pour limiter les dépenses! J’adorais expérimenter toutes sortes de mélanges et observer les résultats! Mon intérêt scientifique était déjà présent!

Pour être chimiste, je dirais qu’il faut une certaine curiosité scientifique et une passion pour les sciences. Ça prend aussi un esprit d’analyse et d’observation, de la patience, une capacité à travailler avec une foule de spécialistes et un minimum d’aptitudes et de connaissances en informatique. Il faut aussi posséder un esprit rigoureux et méthodique et avoir le souci du détail. À cette liste d’aptitudes, j’ajoute le désir de continuer sa formation tout au long de sa vie, car en sciences, de nouvelles découvertes ou le perfectionnement de nouveaux instruments scientifiques nous obligent à apprendre constamment pour demeurer compétents.

Pour les personnes qui souhaitent travailler dans le domaine de l’environnement, l’apprentissage continu de nouvelles connaissances et le transfert de celles-ci à d’autres groupes de professionnels qui ne sont pas des spécialistes en chimie sont essentiels. Il faut aussi être un bon communicateur et trouver de bonnes analogies ou de bons exemples pour faire comprendre les résultats de nos analyses. Par exemple, si je donne des explications au président d’une compagnie et que celui-ci n’a pas une formation de chimiste, je dois être en mesure d’adapter mes explications.

MagmaSelon vous, à quoi ressemblera le travail d’un chimiste de la qualité de l’air dans dix ans? Quels seront vos défis?

La Loi sur le développement durable, la Stratégie d’électrification des transports et le marché du carbone ont déjà amené de nombreux changements dans une foule de domaines (l’industrie, les affaires municipales, l’agriculture, etc.). Les nouvelles technologies vertes ont aussi un impact sur la réduction des émissions produites par les industries; grâce à ces technologies, on diminue la présence des contaminants dans l’air, et les citoyens du Québec bénéficient d’un air de meilleure qualité. L’électrification des transports, l’utilisation du transport collectif et la mobilité durable (voir l’aventure de Rafale sur ce sujet) sont des changements majeurs dans la façon d’effectuer nos déplacements. Il va sans dire que le transport est une source importante d’émissions de contaminants atmosphériques.

Outre le travail d’analyse de données, le travail de sensibilisation et d’éducation prendra de plus en plus de place : le chimiste de la qualité de l’air sera un intervenant de premier plan pour sensibiliser et former une nouvelle génération d’écocitoyens en mesure de faire de meilleurs choix en matière de transport et de contribuer à l’assainissement de la qualité de l’air.

MagmaQuel message souhaitez-vous transmettre aux jeunes qui souhaitent suivre vos traces?

Des études en chimie permettent de travailler dans toutes sortes de domaines : de la protection de l’environnement à la conception de matériaux, comme les plastiques, en passant par la fabrication de médicaments. Chacun de ces domaines a ses particularités et ses défis. Ils sont tous plus intéressants les uns que les autres! En tant que chimiste de la qualité de l’air, mon travail exige des connaissances en chimie, bien sûr, mais aussi en informatique et en communication orale et écrite. Bref, le travail d’un chimiste ne se résume pas nécessairement au travail de laboratoire : il est multidisciplinaire et stimulant!

MagmaJ’ai entendu parler de l’Ordre des chimistes du Québec. De quoi s’agit-il au juste?

L'Ordre des chimistes du Québec est un organisme professionnel dont la principale fonction est d'assurer la protection du public. À cette fin, il doit notamment s’assurer que la profession de chimiste est exercée de manière exclusive par ses membres. L'Ordre des chimistes du Québec est constitué par la Loi sur les chimistes professionnels.

Tu as des questions ou des commentaires sur ce sujet? Fais-nous-en part!

Magma

Publication : mai 2017