Le coin de Rafale

RafaleSais-tu que la colonisation de la Nouvelle-France a modifié la flore du Québec?

Pissenlit, trèfle, marguerite, bouton d’or : ces plantes font partie de nos paysages québécois. Elles couvrent nos pelouses, nos champs et même les abords de nos routes! Elles nous semblent tellement familières que jamais il ne nous viendrait à l’idée qu’elles soient des fleurs exotiques. Et pourtant… elles le sont bel et bien! Malgré leur aspect sauvage, elles ne sont pas apparues naturellement chez nous.

Des plantes qui ont le pied marin!

Il y a plus de 400 ans, effeuiller la marguerite ou chercher le trèfle chanceux était carrément impossible. Pas la moindre pousse de ces plantes n’était visible sur tout le territoire du Québec. Pour en trouver, il aurait fallu nager jusqu’en Europe!

Alors comment se fait-il qu’aujourd’hui, la marguerite fleurisse en abondance de notre côté de l’Atlantique? C’est l’effet de la colonisation du continent par les Européens! À partir du 17e siècle, les plantes d’origine européenne ont fait la grande traversée en compagnie des colons, et ce, de deux façons.

Premièrement : certaines espèces végétales ont abouti en Nouvelle-France par accident. Sans que personne ne s’en aperçoive, les semences avaient fait le voyage cachées dans les cales des bateaux, dissimulées dans les cargaisons de blé ou mêlées au sable employé pour stabiliser les embarcations.

Deuxièmement : d’autres espèces ont été transportées volontairement par les Européens, qui les cultivaient entre autres pour l’embellissement des jardins, mais surtout pour leurs vertus médicinales. C’est le cas du pissenlit, utilisé comme diurétique, du plantain, qui servait de pansement, et de la bardane, utilisée comme antiseptique.

Terre à l’horizon!

En peu de temps ces plantes ont colonisé à leur façon le sol nord-américain. Elles se sont vite acclimatées à leur nouveau territoire. Le plantain, par exemple, se répandait si rapidement après le passage des colons que les Amérindiens l’ont rebaptisé « pied du Blanc »!

À vrai dire, les espèces végétales venues d’Europe se sont beaucoup trop bien adaptées (pense seulement au nombre de pissenlits qui infestent nos terrains). Ces plantes sont devenues des espèces envahissantes : elles se sont approprié le territoire en dominant de nombreuses espèces indigènes.

Une telle prolifération s’explique. Avant 1600, le Québec était presque entièrement couvert de forêt, un milieu qui offrait beaucoup d’ombrage à la végétation basse. Les espèces indigènes, forcément, étaient surtout des plantes d’ombre. Quand les colons français sont arrivés, ils se sont mis à bâtir des maisons et à ouvrir des chemins, donc à couper des arbres en grande quantité. Les espaces ombragés d’autrefois sont ainsi devenus des espaces ensoleillés!

Pour le bouton d’or, le trèfle et le pissenlit, habitués aux champs inondés de lumière, ces nouveaux espaces ensoleillés furent de vrais paradis! Pas surprenant qu’aujourd’hui, la grande majorité des plantes qui poussent dans nos champs soient d’origine européenne.

La colonisation a vraiment métamorphosé le paysage floral du Québec!

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Fyto
 

Lis l’aventure Les espèces envahissantes : des organismes en mouvement pour en savoir plus à ce sujet!
L’herbier Louis-Marie de l’Université Laval offre, sur son site Internet, une panoplie d’informations au sujet de notre patrimoine végétal.

Publication : 7 février 2008