Les aventures de Rafale

Le monde du silence est-il vraiment silencieux?

En arrivant à Tadoussac, nos ventres crient famine! Nous décidons donc de faire un petit pique-nique sur le bord de la rive. La vue est magnifique, l’eau s’étend à perte de vue et une odeur de poisson se glisse dans mes narines. Ça donne faim! Entre deux bouchées de sandwich, ma tante m’explique comment la pollution sonore se comporte sous l’eau.

Rafale, savais-tu que, sous l’eau, le son se propage cinq fois plus vite que dans l’air et qu’il peut couvrir une surface de 10 000 kilomètres en l’espace de quelques secondes?

Non, je ne savais pas ça! C’est impressionnant! C’est pour cette raison que les mammifères marins sont en danger?

Il est vrai que la vitesse à laquelle se propage le son influence l’augmentation rapide de la pollution sonore sous-marine. Mais les océans et les mers sont déjà remplis de bruits naturels.

Vagues : Source © Luc Méthot – Le monde en images

Un bruit naturel? Le sifflement du vent, par exemple?

Exactement, des bruits naturels qui proviennent de la pluie, des vagues, des organismes vivants et du vent. Ces bruits ne nuisent pas à l’environnement des cétacés comme les baleines. Cependant, et de plus en plus, l’humain perturbe le monde marin par des irruptions sonores artificielles.

Et de quelle manière l’humain cause-t-il du tort aux animaux marins?

Les principales sources de pollution sonore sous-marine sont les pêcheries, le transport maritime, la navigation commerciale et de plaisance, les activités militaires, la thermométrie acoustique et les activités des industries minière et pétrolière.

Après s’être étendue sur notre couverture à carreaux pour se reposer un peu, ma tante Mélodie m’explique en quoi consiste chacun de ces domaines.

Secteur des pêcheries intensives

Le secteur des pêcheries intensives est nuisible, car les bateaux de pêche sont équipés de moteurs qui sont habituellement assez bruyants. De plus, les pêcheurs qui veulent régler le problème des prises accidentelles de mammifères marins dans les engins de pêche se servent maintenant de sonars pour éloigner les baleines et les pinnipèdes. Ces sons agissent comme un épouvantail qui voudrait faire fuir les oiseaux des champs.
              Source © Denis Chabot – Le monde en images

Exportations et d’importations

Beaucoup d’exportations ou d’importations s’effectuent au moyen de navires. Une quantité impressionnante d’objets et de nourriture provenant des autres pays est transportée par bateau. Tous ces navires (pétroliers, remorqueurs, cargos, brise-glaces, etc.) remplissent les moindres recoins des océans d’un constant grondement.
                Source © Denis Chabot – Le monde en images

Les navires militaires

Les navires militaires sont souvent équipés de radars et de sonars qui envoient des ondes sous l’eau, et ces dernières troublent la vie des baleines et des autres mammifères marins. Ces systèmes de sonars à basses fréquences (les mêmes fréquences que celles qu’utilisent les cétacés pour communiquer) servent à détecter les sous-marins devenus très silencieux. Ces systèmes produisent de puissants faisceaux sonores (230 décibels à la source) qui se propagent à des centaines de kilomètres à la ronde.
               Source © Jean-Marie Dubois – Le monde en images

Thermométrie acoustique

La thermométrie acoustique, conçue par l’homme, est une autre technologie dommageable à la biodiversité aquatique. Les sons de basses fréquences parcourent de longues distances dans l’eau, et la vitesse à laquelle ils se déplacent dépend de sa température. On peut donc évaluer la température moyenne de l’eau en mesurant le temps que prend un son pour parcourir une distance donnée.

Extraction du pétrole

L’extraction du pétrole dans plusieurs mers à travers le monde perturbe la vie marine. En effet, les activités de forage produisent une grande quantité de décibels, car durant la phase d’exploration des hydrocarbures, on fait souvent des levés sismiques à l'aide de canons à air de grande puissance.
                Source © Germain Fortin – Le monde en images

Des levés sismiques? Qu’est-ce que c’est?

Il s’agit d’une opération qui consiste à envoyer des jets d’air comprimé ou des ondes sonores focalisées vers le fond de la mer pendant plusieurs jours consécutifs pour découvrir où se trouve le pétrole tant convoité.

Et pourquoi est-ce si dangereux?

Parce que le bruit d'un seul levé sismique peut couvrir plusieurs dizaines de milliers de kilomètres carrés et toucher une quantité impressionnante d’animaux marins. L’exploration pétrolière et gazière cause d’importants dommages à l’environnement marin. Toutes les étapes de l’exploitation du sous-sol des océans ajoutent au niveau de bruit. Par contre, un seuil de tolérance de 180 décibels pour les levés sismiques est devenu la norme un peu partout dans le monde.

Des règles ont été établies?

En effet, les levés sismiques doivent être planifiés de façon à éviter de nuire aux espèces en voie de disparition ou à toute autre mammifère marin. On doit éviter de déplacer des mammifères marins qui s’alimentent, se reproduisent ou allaitent leurs petits. Les sons ne doivent pas non plus faire dévier un mammifère de son corridor de migration.

Les océans sont donc de plus en plus bruyants?

Effectivement, et cette augmentation du son est due à l’accroissement du trafic maritime et aux bateaux qui sont plus gros et plus rapides qu’autrefois. La plupart de ces bateaux sont maintenant munis de sonars et de sondeurs de profondeur qui sont utilisés pour la recherche de poissons. Ces instruments dérangent de façon considérable le mode de vie des baleines.

Comment ces petits instruments peuvent-ils déranger des animaux aussi gros?

Tu as fini de manger?

Oui, pourquoi?

Rendons-nous au Centre d’interprétation des mammifères marins, et tu comprendras tout!


Ces bruits qui nous entourent Différentes espèces menacées