Le myriophylle à épis est une plante aquatique exotique envahissante vivace de la famille des Haloragaceae. Ses tiges sont enracinées dans le substrat (sédiments) et peuvent mesurer jusqu’à 6 mètres. Près de la surface de l’eau, elles se ramifient et peuvent poursuivre leur croissance horizontalement et produire des épis de fleurs émergents. Le myriophylle à épis forme alors une canopée dense à la surface de l’eau.
Les rhizomes, les racines et les pousses basses de la plante peuvent persister tout l’hiver, ce qui lui permet d’amorcer sa croissance relativement tôt en saison. Ce caractère hâtif, combiné à une croissance rapide, confèrent au myriophylle à épis un avantage par rapport aux autres plantes aquatiques.
Ses feuilles sont finement divisées comme une plume et disposées sur la tige en verticilles, normalement en groupes de quatre. Chaque feuille est composée de 12 à 24 paires de folioles (aussi appelées « segments »). La distance moyenne entre les verticilles est de plus de 1 centimètre.
Attention! Il est possible de confondre le myriophylle à épis avec de nombreuses espèces, dont six myriophylles indigènes.
Des outils d’aide à l’identification sont disponibles :
Les principaux critères d’identification à retenir sont les suivants :
Le myriophylle à épis pousse dans les lacs, les étangs, les marais, les canaux et autres plans d’eau artificiels de même que dans les sections calmes des rivières et du fleuve. Il tolère une grande variété de conditions de croissance et de substrats. Sa croissance est optimale dans les plans d’eau à substrat fertile et à texture fine, où la luminosité est élevée, les eaux alcalines et les nutriments abondants. Le myriophylle à épis peut aussi croître dans des conditions moins favorables, notamment là où les nutriments sont peu abondants, et s’installer dans des zones initialement dépourvues de végétation. Il se situe généralement à des profondeurs variant de 1 à 4 mètres; mais il peut se trouver jusqu’à 10 mètres de profondeur lorsque l’eau est particulièrement limpide.
Originaire de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique, le myriophylle à épis a probablement été introduit en Amérique du Nord par les eaux de lest des navires ou comme plante d’aquarium. Présent dans plusieurs États et provinces des États-Unis et du Canada, il est aujourd’hui l’une des plantes aquatiques exotiques les plus abondantes. Il est présent au Québec depuis au moins 1958. Jusqu’aux années 70, il a été recensé dans plusieurs secteurs du fleuve Saint-Laurent. Par la suite, on a mentionné sa présence dans différents lacs et cours d’eau du sud du Québec. On ne connait pas sa répartition actuelle de façon exhaustive, mais le myriophylle à épis a été répertorié dans plus de 200 plans d’eau (PDF, 253 ko), et ce, dans la plupart des régions du Québec. Les régions les plus touchées sont l’Estrie, les Laurentides et l’Outaouais.
Le myriophylle à épis se reproduit principalement de façon végétative par la fragmentation de ses tiges, laquelle se fait naturellement de la mi-juillet jusqu’en septembre. Un petit fragment de tige peut prendre racine et former un nouveau plant. La pratique d’activités dans les herbiers par les usagers des plans d’eau peut aussi contribuer à la fragmentation des tiges. Le courant, les embarcations, les remorques et tout autre matériel peuvent transporter les fragments de tiges vers de nouveaux secteurs et de nouveaux plans d’eau.
La plante se reproduit également par des rhizomes, ce qui permet une expansion rapide des colonies. De plus, la plante produit des semences viables, mais on ignore dans quelle mesure ce mode de reproduction contribue à la propagation de l’espèce.
Bien que le myriophylle à épis puisse croître rapidement et coloniser efficacement différents habitats, sa présence dans un plan d’eau ne conduit pas toujours à son envahissement. De même, les plantes indigènes peuvent parfois continuer de dominer les herbiers en place même si des plants de myriophylle à épis s’y installent. La présence et le maintien de la végétation indigène peut aider à limiter la propagation du myriophylle à épis.
Les impacts du myriophylle à épis sur l’environnement sont relativement peu étudiés. Certains impacts fréquemment mentionnés n’ont jamais été démontrés de façon rigoureuse et restent des hypothèses à considérer avec prudence.
Le myriophylle à épis peut former de grandes colonies denses et monospécifiques, ce qui modifie les assemblages de phytoplancton et diminue la diversité des plantes aquatiques indigènes. Les herbiers de myriophylle à épis peuvent servir d’abri pour la faune aquatique, bien que certains poissons évitent les secteurs colonisés par cette plante.
Les grandes colonies de myriophylle à épis peuvent nuire aux activités récréatives telles que la navigation de plaisance, la pêche et la baignade. La présence de cette espèce peut aussi affecter négativement la valeur des propriétés riveraines.
Prévenir l’introduction et la propagation du myriophylle à épis est le meilleur moyen de lutter contre cette espèce envahissante dans les lacs et les cours d’eau. Une fois l’espèce introduite, il est généralement difficile et coûteux de la contrôler.
Des gestes simples, mais efficaces, peuvent faire une différence pour protéger les plans d’eau du Québec :
Certains lacs sont dotés de stations de nettoyage. Assurez-vous de les utiliser pour nettoyer votre embarcation et votre matériel.
Si le myriophylle à épis est peu abondant dans un plan d’eau, une lutte efficace peut être envisagée et doit être amorcée dans les meilleurs délais. Dans le cas contraire, c’est-à-dire si l’invasion est déjà bien avancée, il faut bien évaluer la pertinence d’intervenir et établir des objectifs réalistes. Il s’agit d’une entreprise complexe et coûteuse, aux résultats incertains. La lutte doit être soigneusement planifiée sur le long terme et un appui professionnel est recommandé. Le choix des herbiers à traiter et des méthodes de lutte à utiliser doit être étudié avec soin.
Les méthodes de lutte recommandées contre le myriophylle à épis sont essentiellement la lutte mécanique par arrachage manuel et la lutte physique par bâchage, avec toile de fibre de verre ou toile de jute biodégradable.
La lutte contre le myriophylle à épis ne doit pas être plus préjudiciable à la santé du plan d’eau et aux autres organismes qui y vivent que ce qu’engendre la présence de cette plante. Il faut tenir compte des lois et des règlements en vigueur; l’obtention d’autorisations est bien souvent nécessaire avant la réalisation d’une intervention. Consultez votre municipalité et le bureau du Ministère de votre région avant d’intervenir dans un plan d’eau.